« Plus il y aura de filles dans les filières professionnelles et technologiques, plus il y aura de considération de la part des garçons pour les filles », Léa, élève en fillière professionnelle
Pour commencer j’aimerais rappeler (ou apprendre pour certains) que le 8 mars est la journée mondiale des droits de la femme. Pour cette occasion, nous avons été contactés afin de mettre en avant les filles de notre lycée des filières technologiques et professionnelles. On a eu tellement peur de ne pas en trouver qu’on pensait devoir engager des actrices…finalement peut-être que nous avions nous-même des préjugés en pensant qu’on en aurait peu… Bien sûr les actrices n’ont pas été nécessaires puisque nous avons pu interviewer huit filles de ces filières sur les dix. Pour tout vous dire, il y a dix filles dans les voies professionnelles et technologique sur 442 élèves (235 pro, 112 BTS, 95 STI2D), ce qui fait qu’elles représentent environ 2% des élèves. Concrètement vous avez plus de chance de gagner à l’Euromillion que de croiser une fille dans le bâtiment Vinci. Peut-être que j’exagère un peu. Mais en attendant qu’en est-il de leur expérience dans ce monde majoritairement masculin ?
Et surtout, Etait-il facile d’accéder à ses filières pour elles?
Elles ont toutes commencé par nous dire que lorsqu’au collège, la question de l’orientation est abordée les filières technologiques et professionnelles sont très peu représentées. « Il y a une forme d’idée reçue qui dit que les filières générales, c’est un peu une filière d’excellence comparé aux filières technologiques » nous dit l’une d’entre elles. En effet, nous pouvons remarquer que beaucoup de professeurs ou d’administrations ont tendance à plus valoriser la générale que les autres voies. Ces filières sont si peu représentées qu’il arrive parfois que certains élèves découvrent malheureusement trop tard que c’était ce qu’ils auraient voulu faire. « Les gens ont du mal à se projeter dans les voies technologiques et même professionnelles », explique Maylie. « Nos profs nous poussaient à aller en filière générale » ajoute Léa. Intrigués, on leur a demandé ce qu’il faudrait faire selon elles pour améliorer la visibilité de ces voies. Elles proposèrent d’un commun accord de commencer à présenter les filières dès la quatrième. Il était donc déjà compliqué d’avoir connaissance de toutes les possibilités dans les voies professionnelles et technologiques, mais leurs soucis ne s’arrêtaient pas là. Lorsqu’elles ont su dans quelles voies elles voulaient partir vint, l’étape de la dissuasion. En effet, deux élèves nous ont rapporté avoir eu des discussions avec des professeurs ou le secrétariat de leur établissement, dans lesquelles il leur fut vivement déconseillé de partir en voie professionnelle. « T’es une fille donc tu ne dois pas aller dans les métiers considérés pour les hommes, parce que c’est pas ton domaine, t’as pas le physique pour la maintenance… » a entendu l’une d’entre elles. Cette dernière, une fois arrivée dans la voie professionnelle du lycée a reçu plusieurs remarques sur son physique. Fort heureusement elle fut bien aidée par ses professeurs pour faire arrêter cela. Bien sûr, nous avons été rassurés d’apprendre que ce n’était pas le cas pour toutes les autres : « Les garçons sont plutôt sympas, ils savent que c’est pas toujours facile » nous disent les filles de STI2D.
Bien qu’elles soient très peu dans leurs classes, elles ne sont pas particulièrement exclues et participent activement au projets de groupe. Leurs professeurs ayant aussi conscience de leur situation, ils sont très à l’écoute. En conclusion, aucune d’entre elles ne regrette d’être partie dans la voie professionnelle ou technologique. Elle s’y plaisent, sont intéressées par leurs programmes et surtout elles espèrent que d’autres filles ne seront pas intimidées par une classe majoritairement masculine, ou dissuadées de faire les études qu’elles veulent.
Pia Marcel
Emilien Ravion