Sexualité à Athènes pendant l’époque classique
Pour entamer cette semaine des fiertés en grande pompe, je vous propose un voyage spatio-temporel non pas dans le futur ou sur Arakis, mais au contraire à l’époque classique d’Athènes. Nous allons nous intéresser à la sexualité lors de cette époque et quoi de mieux pour amener le sujet que parler du Banquet de Platon ? Sûrement beaucoup d’autres choses mais j’ai quand même décidé de parler de cet ouvrage (les HLP on se sait).
Pour commencer les banquets pendant la Grèce Antique c’était pas le grand repas avec une table six mètres et où tout le monde se parle amicalement. Il y a en effet plusieurs différences entre le repas et le banquet. Le repas se passe avant le banquet (bien sûr les conjointes ne sont invitées qu’au repas). Mais la plus importante différence est le fait que lors du repas il n’y a pas d’alcool, or, il y en a au banquet. Cela peut paraître secondaire mais en réalité les abus d’alcool conduisaient souvent à des débordement sexuels. On en vient donc là où je voulais nous mener. Comme je l’ai dit, dans ces banquets, hormis quelques joueuses de flûte, il n’y avait pas de femmes. Il était donc normale d’avoir des relations entre hommes, notamment par amour de la beauté. Et quand je dis beauté, je ne parle de beauté physique mais de beauté intellectuelle et spirituelle. Raison pour laquelle, après avoir bien bu, Alcibiade – pouvant être considéré comme ce que nous, occidentaux contemporains, pourrions appeler le « beau-gosse » d’Athènes – fait dans le Banquet, non pas l’éloge d’Éros (l’Amour) mais l’éloge de Socrate – qui n’était pas franchement réputé pour sa beauté.

Alcibiades recevant des leçons de Socrate, François-André Vincent
(à gauche Alcibiates et à droite Socrate)
Bien que cette peinture soit un chef d’œuvre du néo-classicisme ce n’est pas la raison pour laquelle je l’ai choisie. Elle nous amène à parler non plus des banquets mais de la question de l’éducation (bien sûr réservée aux jeunes athéniens) et à voir en quoi la sexualité joue un rôle important. Il ne s’agissait non pas de cours d’éducation sexuelle car, bien plus que de nos jours, la sexualité n’était pas un sujet dont on parlait (de l’éros oui mais de sexualité non). Ce qui nous intéresse c’est la relation entre ce que nous appellerons ερομενος (phonétiquement éroménos) soit le jeune athénien qui a entre 13 et 17 ans (avant qu’il ne devienne adulte) et l’εραστης (phonétiquement érastés), le mentor. Ce dernier ayant souvent une vingtaine d’années de plus que son ερομενος, était en charge d’apprendre la vie, la philosophie à son élève. Ils avaient donc une relation très proche. Et, à cette époque, pour les grecs, les relations personnelles étaient toujours ( du moins pratiquement toujours) suivies de relation érotiques. C‘était d’autant plus courant entre un εραστης et son ερομενος. En effet, les grecs pensait qu’il était normal d’avoir des relations avec leurs étudiants dans lesquelles l’ ερομενος est le passif car il apprend et que donc l’εραστης a pour devoir d’éjaculer sur son élève car c’était une métaphore de transmission et diffusion des connaissances. Bon cette métaphore un peu étonnante n’était pas partagé par tout le monde. Par exemple, Socrate, lui, pensait que le savoir n’était pas quelque chose qu’on éjacule mais qu’on devrait faire accoucher à deux. Il est donc nécessaire de le reproduire, souvent à l’aide de discours.
Il nous reste encore à parler de ce qu’on pourrait appeler des « catégorie », je parle d’hétérosexualité et d’homosexualité. Bon déjà, utiliser ces termes pour parler de l’antiquité serait bien sûr anachronique, mais surtout à cette époque ils ne se posaient pas la question des désirs ou des préférences. Il était dans la norme d’avoir des relation entre ερομενος et εραστης. Ce qui était mal vu était de continuer cette relation une fois l’élève devenu un homme. En effet, il était inconcevable pour un homme, qui était, je le rappelle, à l’époque perçu comme l’être supérieur, d’être passif.
Mais alors, qu’en est-il des femmes dans tout cela ? Et bien, pour les grecs les relations exclusivement féminines étaient impossibles. Ces derniers ne définissaient les relations sexuelles que par un acte de pénétration. Bien sûr les historiens pensent que ce n’était pas vrai, que les relations féminines existaient. Notamment sur l’île de Lesbos (qui donnera plus tard le mot lesbienne), île où vivait la poétesse Sapho connue pour son homosexualité.
Mais alors, me diriez-vous, comment se fait-il que la légalisation du mariage homosexuel arrive aussi tard dans l’histoire de l’humanité (en 2013 par exemple en France) ?
Et bien c’est ce que nous verrons dans un prochain article !

La poétesse Sapho, Joseph Navlet
To be continued
Pia Marcel